"Nous avons des dispositions d'indemnisation des calamités agricoles qui existent avec à la fois une participation des professionnels et une participation de l'Etat, donc des contribuables. Mais un impôt sécheresse n'est pas à l'ordre du jour", a déclaré Hervé Gaymard dans une interview à Europe 1. La sécheresse a déjà conduit les préfets à restreindre la consommation d'eau dans 34 départements métropolitains. Un bilan de l'ampleur des dégâts pour les éleveurs est en train d'être effectué et des mesures d'aide au transport du fourrage depuis les régions qui en disposent vers celles qui en manquent devraient être annoncées "en fin de semaine ou au début de la semaine prochaine", indique-t-on au cabinet de M. Gaymard. Pour M. Gaymard il y a en effet "un état des lieux inquiétant puisque dans beaucoup de départements il y a un déficit (d'eau) qui introduit à la fois une baisse des récoltes et une baisse de l'approvisionnement fourrager pour les animaux". La "cellule sécheresse" de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles), principal syndicat agricole, qui s'est réunie mardi, a fait état d'un déficit de 50% en paille dans plus d'une quarantaine de départements de l'Est, de Rhône-Alpes, d'Auvergne, d'une partie de Midi-Pyrénées et de Lozère alors que le bassin parisien et le Nord de la France sont excédentaires. La Coordination Rurale a demandé pour sa part "une mise à disposition des moyens de transport militaires" Les agriculteurs français victimes de la sécheresse dans 54 départements ont déjà la possibilité, accordée par Bruxelles le 3 juillet, de faucher ou de faire pâturer leurs troupeaux ou ceux d'autres agriculteurs sur les terres mises en jachère. Les conditions climatiques extrêmes du premier semestre - gel dans plusieurs régions au printemps puis sécheresse - devraient entraîner une baisse de la récolte des céréales à paille (45,4 millions de tonnes en 2003 soit 7 millions de moins qu'en 2002, soit -14%), selon l'ONIC (Office National Interprofessionnel des Céréales) alors que la sécheresse de 1976 avait amputé de moitié les récoltes de céréales. Ainsi la moisson de blé, fortement en avance, ne devrait pas dépasser 31,7 MT cette année contre 37,4 MT en 2002 (-17%). Un beau millésime 2003 se prépare pour le vin, mais les perspectives de récolte pourraient être compromises si la canicule persistait, prévoit de son côté l'Office National Interprofessionnel des Vins (Onivins). Conséquence inattendue: les vendanges pourraient débuter le 7 septembre, voire le 25 août en Bourgogne, selon le bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). Les conditions climatiques ont également entraîné des prix élevés pour les cerises, les pêches, les nectarines et les abricots alors que les légumes primeur (pommes de terre, carottes, poireaux) sont délaissés par les consommateurs, souligne-t-on à Interfel (association interprofessionnelle des fruits et légumes frais). De nombreuses demandes d'indemnisation devraient être déposées lors de la Commission nationale des calamités agricoles du 9 octobre prochain, prédit la FNSEA. Le Fonds national de garantie des calamités agricoles (FNGCA), créé en juillet 1964, intervient ensuite, avec une indemnisation partielle, à condition que l'état de calamité agricole soit constaté dans le département concerné par un arrêté interministériel. |